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Fosse /

des PLATEFORMES PURE PLAYERS

à travers le regard de Deezer

État / "[Les négociations sont ] importantes pour corriger les anomalies liées aux barrières à l’entrée car le partage de la valeur était déjà considéré comme défavorable par les plateformes. Il vaut mieux, quand on est dans une industrie en développement comme le streaming, faciliter le boulot dès le début pour accélérer et générer des revenus plutôt que de ralentir et de mettre des freins. [...] Tout ce qu’on fait en France est regardé par l’international : tant qu’on estime que des bonnes choses ont été introduites, on montre qu’autre chose est possible. Tous les principes qui sortent des accords Schwartz sont des principes qui pourraient être appliqués partout.”

 

Artistes / "Nous on est plutôt artiste-friendly, même si il y a un problème de malentendu ou d’incompréhension sur le modèle de la part de certains artistes qui ont une voix qui porte. Il faut que les artistes comprennent que c’est probablement moins d’argent tout de suite mais plus sur la durée. [...] [Pendant la médiation Schwartz,] on s’est rapproché des artistes : avec l’ESML et la GAM, on a proposé un texte commun à Schwartz pour obliger les producteurs à trouver un accord. [...] Les artistes ont compris qu’ils se faisaient bananer par les majors."

 

Majors / "Des deux côtés [plateformes et artistes] on critique le partage de la valeur, et au milieu il y a les producteurs et bizarrement c’est là où il y a un manque de transparence. Il y a des gros reversements faits par les streamers et de l’autre côté certains artistes qui disent qu’ils ne touchent pas grand chose sur le streaming. [...] Youtube rémunère très faiblement les ayant-droits qui n’ont pas vraiment le choix, alors que nous, comme on est des pure players, on n’a pas le pouvoir de négociation qui nous est favorable [...] : on dépend d’eux comme on a besoin de tous les catalogues. [...] [Concernant la transparence des datas], dans une maison de disques, tout a été fait pour que les artistes ne comprennent pas trop ce qui se passe. Ça a été fait quasiment exprès pour tasser les problèmes. [...] Ils parlent d’un nouvel âge d’or grâce au streaming ! Et pourtant, ils ont mis des bâtons dans les roues des streamers par peur des répercussions sur le CD et le téléchargement. Une vraie industrie visionnaire se serait dit: “de toute façon on ne peut pas lutter contre l’innovation, les nouveaux usages, on y va à fond, on aide, on pousse.”

 

Labels indé / "Du côté des indépendants, qui sont de vrais entrepreneurs et qui investissent leur propre argent, eux voient à moyen/long-terme. Mais il ne faut pas généraliser. Évidemment que le pouvoir de négociation des majors est plus important que celui des indépendants mais pour pallier ça, les indépendants vont créer des agrégations pour leur donner du poids — de type MERLIN. [...] Les petits n’ont pas le même pouvoir de négociation mais ils n’ont pas la même importance vis à vis du streamer. C’est la concurrence qui s’applique normalement: je peux me passer d’un tout petit label indépendant, mais je ne peux pas me passer d’Universal. La différence est là, c’est du bon sens. Mais il n’y a pas réellement de différence de traitement chez Deezer. [...] Plus les labels demandent et plus les labels indépendants réclament à toucher autant que les majors, ce qui est normal. Donc tout le monde veut plus. Je suis pour payer tout le monde pareil, mais il faut trouver le bon mix, si tout le monde s’aligne sur le haut, nous on meurt.”

 

Agences de distribution digitale / "Les distributeurs digitaux ont toujours été [transparents sur les datas] avec leurs labels et artistes, parce qu’ils sont nés dans le digital, [contrairement aux maisons de disque]."

 

Sociétés de gestion collective / “L’ensemble des reversements qu’on fait, c’est directement aux ayants droit, c’est à dire aux labels. Je sais ce que touche un artiste, mais ce n’est pas moi qui le gère. [...] [L'ADAMI et la SPEDIDAM] s’imaginaient représenter les artistes interprètes alors que pas du tout, ils se représentent eux même avec la GAM par exemple. Parce qu’une société de gestion collective, son boulot c’est de collecter et de répartir, pas de représenter. Le problème vient de là : eux veulent plus de gestion collective car ça les rend incontournables. C’est leur combat avec les producteurs. Leur discours est biaisé à cause de ça. [...] Dans la gestion collective en tant que telle il y a des choses positives : si c’était obligatoire, on irait voir une seule entreprise de gestion, ça permettrait une pérennité des accords etc. Mais la problématique de fond est juridique : système français au milieu de juridictions internationales, ce n’est pas faisable. Ce qu’a proposé l'ADAMI, c’était une gestion collective et une rémunération additionnelle : là on est contre. Ce serait les plateformes qui devraient payer en plus."

 

Pure players / "Nous sommes une entreprise qui ne fait pas de bénéfices parce qu’on est en développement international. [...] On s’occupe d’abord de notre concurrence. On est dans un marché où il y a déjà beaucoup de concentration, beaucoup de pure players qui disparaissent, sont rachetés ou s’effondrent complètement."

 

Gafa / "Ils bénéficient d’atouts qu’on n’a pas nous, et qui leurs permettent d’avoir le pouvoir de négociation en leur faveur face aux ayants droits. [...] La concurrence d’Apple ou Google, c’est très compliqué pour des pure players comme Spotify ou Deezer, ils peuvent décider de ne pas gagner d’argent sur le streaming pendant un moment parce qu’ils en gagnent ailleurs. [...] [Par ailleurs,] Apple va prendre commission à l’application : quand vous êtes déjà à 72-73% de reversement, vous reversez en plus 30% sur vos abonnements, vous voyez tout de suite les dégâts, et pourtant on ne peut pas s’en passer."

 

 

 

Pour aller plus loin

> ENJEUX

LUDOVIC
POUILLY
Directeur des relations labels
et industrie à DEEZER
Président de l'ESML
 
> Fiche Acteur / Deezer et l'ESML
> Lire la retranscription de notre entretien
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