ACTIVITÉ 

Après avoir passé 11 ans chez Sony Music Entertainment en tant que responsable digital, Ludovic Pouilly rejoint Deezer où il est actuellement directeur des relations labels et industrie. Ludovic Pouilly est également président de l’ESML, le syndicat des éditeurs de musique en ligne. Il s’occupe donc de défendre les intérêts des plateformes.

DEEZER: UN SERVCIE RÉPONDANT À UN BESOIN

Deezer est avec Spotify l’un des deux plus gros pure-players du secteur : le streaming est leur unique activité, contrairement aux plateformes comme Apple Music par exemple, qui appartiennent à des entreprises aux activités diversifiées. Les plateformes de streaming se sont créées par rapport à un double besoin du public et de l’industrie : pour l’industrie, réduire le piratage, et pour le public, avoir accès pour un prix réduit à toute la musique, sur tous les devices.

UN SERVICE FREEMIUM

Deezer fonctionne selon un service freemium : les utilisateurs peuvent avoir accès gratuitement à un service réduit comprenant cependant tout le catalogue — ce service réduit rapportant des revenus par la publicité. Ils peuvent également payer un abonnement, et bénéficier ainsi d’un service premium sans publicités. Ludovic Pouilly insiste sur le fait que la plateforme offre un seul service en deux volets, puisque le modèle gratuit cherche à attirer les utilisateurs vers le modèle payant, beaucoup plus rémunérateur à la fois pour l’entreprise et pour les ayants droit.

UN MODÈLE EN DÉVELOPPEMENT

Les plateformes doivent maintenant se développer, avec deux objectifs principaux : tout d’abord, se développer à l’international pour garder leur avantage concurrentiel face aux GAFA qui ne sont pas des pure-players. Pour cela, ils doivent investir en moyens technologiques et marketing, ce qui fait qu’ils ne seront pas bénéficiaire “avant quelques temps”. Deezer vient à cet effet de lever 100 millions d’euros auprès d’investisseurs — son principal concurrent Spotify un milliard en obligations non convertibles. Ensuite, leur second objectif est de convaincre l’ensemble de la filière musicale, le public, et les pouvoirs publics que leur modèle est viable et rémunérera de mieux en mieux l’industrie.

UN MODÈLE QUI RÉMUNÉRERAIT MIEUX LES ARTISTES

Des sociétés de gestion collective comme l’ADAMI et la SPEDIDAM, ou certains artistes — Taylor Swift ou Adèle nottament — pointent du doigt les faibles rémunérations reversées par les plateformes aux artistes. Pourtant, Spotify et Deezer insistent sur le fait que ces acteurs ne comprennent simplement pas le modèle du streaming. Celui-ci est très disruptif, et serait au final à l’avantage des artistes : il permet d’obtenir des revenus plus importants et mieux répartis dans le temps. Selon eux, le streaming va rapporter plus de valeur aux artistes. Ils soulignent par ailleurs qu’il rémunère déjà mieux que le — qui ne rapporte rien — ou que Youtube — qui n’est pas pris pour cible par les artistes. Les plateformes reversent en effet une part très importante de leurs revenus aux ayants droit, à laquelle s’ajoute souvent de grosses sommes en avances et minima garantis versées à certains labels dont le catalogue leur est indispensable. Si cette somme est ensuite répartie en défaveur des artistes, ce n’est pas de leur faute mais de celle des ayants droit, les producteurs. “Les labels, c’est là où il y a un manque de transparence”, affirme Ludovic Pouilly, qui rappelle cependant que le mouvement de fond est contraire à ces quelques voix relayées massivement dans les médias : les plus gros artistes sont tous en train de venir sur les plateformes — cette année ACDC, les Beatles, Coldplay ou Pink Floyd. Selon les plateformes, l’industrie va connaître à nouveau une période florissante avec le développement du streaming.

Pour aller plus loin

> Fosse / Vision des plateformes pure players

> Enjeux / Le streaming