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Fosse /

des AGENCES DE DISTRIBUTION DIGITALE

à travers le regard d'Idol

État / “D’un point de vu syndicat, on est nul : dans le secteur de la musique, on a jamais pu obtenir ne serait-ce qu’un quart des subventions que peut avoir le cinéma. [...] Les ministres sont toujours plus intéressés par le cinéma que par des artistes de pop par exemple :  c’est aussi une question d’intérêt de la part des politiques, il y a du lobbying qui entre en jeu. [...] L’exception française pourrait aller un peu plus loin, on pourrait faire plus et mieux je pense sans que l’État ne régisse tout. [...] On est tombés au mauvais moment aussi, en pleine crise. [...] Bizarrement, sous la droite, c’est là qu’on a eu les meilleures missions… qui ont quasiment abouti à la création d’un Centre National de la Musique.”

 

Artistes / “Le revenu au stream n’est qu’une conséquence du modèle économique : les revenus sont très petits, donc ça scandalise tout le monde alors que le stream rapporte beaucoup d’argent et autant aux artistes — c’est le même pourcentage. [...] Je ne dis pas que les artistes sont assez payés. Ça touche les artistes, comme le reste, mais ce n’est pas depuis que le streaming est arrivé : c’est un prétexte pour dire qu’il faut redistribuer de la valeur. Qu’ils le fasse de façon plus frontale ! mais le streaming n’a rien à voir avec ça. [...] Il y a un problème d’explications du modèle du streaming aux artistes, [...] ce qui amène des artistes à être contre le streaming.”

 

Majors / "Je ne pense pas qu’il y ait de problème d’égalité entre artistes et producteurs : les producteurs crèvent aussi la faim. Il y a toujours des abus, mais comme dans tous les métiers… [...] Les majors parviennent mieux à rentabiliser car elles gagnent clairement plus d’argent mais elles en ont clairement aussi pris dans la tronche. Le gros problème des majors c’est qu’elles signent tout, elles ne savent pas défendre les intérêts musicaux tant qu’elles touchent un chèque à court terme."

 

Labels indé / “On est ultra sélectif et proche de chaque label. [...] Quand j’ai monté Idol, j’ai eu cette question : “est-ce que mon métier est légitime ? Est-ce que c’est pas un intermédiaire de trop ?” mais j’ai tenté parce que j’ai vu que c’était indispensable [pour les indé]. [...] Effectivement, les frontières entre labels, artistes et managers ont bougé ces dernières années au détriment du producteur qui est pourtant indispensable.”

 

Agences de distribution digitale / “On est assez différent de la distribution physique car dès le départ c’est une activité internationale. [...] Par rapport aux autres distributeurs, on est pratiquement les seuls au monde à rester indépendant techniquement et financièrement.”

 

Sociétés de gestion collective / “Je suis assez opposé à la SPEDIDAM et l'ADAMI. Ils prennent le streaming en otage, comme quoi depuis qu’il est arrivé, les artistes ne sont plus payés… [...] On est vraiment proches des artistes, on vit d’eux, mais là pour le coup on a trouvé l’ADAMI et la SPEDIDAM de super mauvaise foi. Ils comprennent rien, sortent des chiffres au hasard… Ils font des calculs devant tout le monde sans en expliquer les tenants. À cause du streaming, ils ont essayé d’embobiner tout le monde. Je trouve ça aberrant. [...] Il n’y a pas de vraie raison de passer à la gestion collective [...] : ça ne veut rien dire. Pour le coup dans la musique, on est vraiment dans une économie mondialisé.”

 

Pure players / “C’est seulement maintenant que le streaming nous sauve. Tout le monde critique le streaming, mais à un moment, on ne peut plus lutter contre le public et la techno. [...] Le streaming est la meilleure arme contre le piratage. Seulement, il ne faut pas oublier que c’est un monde “très technophile”, qui ne comprend pas forcément la musique. [...] Je ne parle pas d’un nouvel âge d’or mais je suis certain que le streaming va faire revivre la filière."

 

Gafa / “Il y a quand même eu un transfert de valeur qui s'est mal fait, et on a été incapables de se défendre face à ça en France, ni nulle part dans le monde : au départ les FAI, et ensuite les GAFA, ont réussi grâce entre autres à la musique qui n’a jamais été autant écoutée et qui pourtant n’a jamais rapporté si peu d’argent aux vrais ayants droit... [...] Quand des sociétés comme Google ne payent pas d’impôts nulle part, on rejoint des problématiques plus larges que celles qui touchent le disque. [...] Apple est une des boites qu’on respecte le plus puisqu’elle aime la musique, c’est par intérêt certes, mais la musique indé a été énormément défendue par iTunes sur les 5-6 premières années et encore aujourd’hui. [...] [Youtube,] c’est la seule façon de gagner un peu d’argent dans les pays en développement. [...] Youtube a un rôle clé dans la création de communautés. [...] Dans l’absolu, on préférerait que Youtube n’existe pas car, il ne faut pas se mentir, c’est tout de même le premier site de téléchargement illégal au monde : c’est 70 à 90% des écoutes en France. Sauf que si ça n’existait pas il y aurait encore plus de musique sur Bit Torrent donc ça permet de travailler sur un outil maîtrisé par les ayants droit, de monétiser la musique dans des pays où ce n’était pas le cas. [...] La limite de Youtube c’est son architecture : on trouve tout mais c’est un bordel. [...] S’ils reversaient 0,5% de leur chiffre d’affaire à la musique, on serait milliardaire.”

 

 

 

Pour aller plus loin

> ENJEUX

PASCAL
BITTARD
Président fondateur d'IDOL
 
> Fiche Acteur / Idol
> Lire la retranscription de notre entretien
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